Date: Sep 2, 2019
Subject: CFP: ESPACE art actuel, no. 124, Issue: IA/AI – Art sans artistes?

Montréal, Canada
Deadline: Sep 11, 2019

English version below

Dossier : IA – Art sans artistes ?

Lorsqu’il s’agit du monde des affaires ou de la recherche scientifique, que ce soit dans le domaine médicale, militaire ou des transports, l’intelligence artificielle (IA) se trouve souvent à l’avant-plan médiatique et au cœur de diverses polémiques. En effet, comme ensemble de théories et de techniques associées aux développements des algorithmes, l’IA occupe désormais la plupart des sphères de l’activité humaine et génère des débats variés : depuis le début de l’ère industrielle, chaque nouvel apport technologique induit des situations ambivalentes et les recherches dans le domaine de l’IA ne font pas exception. Alors que le milieu industriel s’enthousiasme devant le potentiel de rentabilité et d’efficacité de l’IA, d’autres experts, souvent affiliés à l’éthique, s’inquiètent de son impact, notamment sur le marché de l’emploi ou la confidentialité des données et de la vie privée. Du moment où l’on sait que le pouvoir revient à celui qui possède les données, la question est de savoir à qui cette nouvelle révolution technologique profitera réellement.

Or, on le sait, l’IA n’intéresse pas uniquement le monde des sciences et des affaires ; le monde de l’art a toujours été avide des nouvelles avancées technologiques. Outre le rapport de force financier qui sous-tend l’effervescence autour de l’IA actuellement, une force de fascination opère en parallèle. Car le fantasme de la personnification de l’inerte – machine ou matière – ne date pas d’aujourd’hui. Depuis longtemps la littérature nous invite à y mettre un « visage ». Que l’on pense à la trilogie Le cycle des robots (1950) d’Isaac Asimov ou à l’univers peuplé de machines autonomes de Vermillon Sands (1971) de J.G. Ballard, les formes possibles d’une IA sont le lieu de tous les impensés. Le cinéma quant à lui a efficacement et lucrativement investit le terrain. On pense spontanément à des films tels que Ex Machina (2015), Terminator (1984) ou Westworld (1973) – qui a inspiré la fameuse série de 2016 – où des êtres humanoïdes génèrent un mélange d’émotions allant de la crainte à l’empathie. On pense aussi à des personnages plus diffus, tels que HAL 9000 (2001 L’Odyssée de l’espace, 1968) ou encore Samantha dans le film Her (2013) : des « intelligences » sans corps. De ce point de vue, la sortie de DeepDream de Google en 2015  – un programme de vision par ordinateur utilisant un réseau neuronal et donnant un aspect hallucinatoire aux images ainsi créées – a marqué une étape significative dans notre perception fantasmée de l’intelligence artificielle. Nous aimerions croire qu’elle puisse rêver cette intelligence, qu’elle fasse preuve de créativité et d’une imprévisibilité qui lui soit propre. Nous souhaiterions volontiers qu’elle ait de l’initiative, qu’elle soit porteuse d’intentions – or, nous n’en sommes pas tout à fait là. Exiger d’elle qu’elle soit intelligente serait encore la toute première étape de ce rétro-planning du futur. Car autonomie n’égale pas intelligence.

Ne parlerait-on pas plutôt d’algorithmes d’apprentissages et de systèmes génératifs ? De statistiques, voire même de domotique ? Et qu’est-ce qu’un algorithme sinon une méthode de calcul, un microprogramme, une suite d’opérations destinée à résoudre un problème X. Ce qui nous paraîtra être de l’ordre de l’inattendu – et par extension d’une volonté externe – ne serait finalement que l’aboutissement d’une forme d’équation traitant l’information. Ce qu’on appelle « intelligence artificielle » aujourd’hui n’a que peu à voir avec l’intelligence : bien que les algorithmes plongés au cœur du big data puissent donner l’impression de prendre des décisions, ce ne sont au final que des résultats d’analyses.

S’appuyer sur des algorithmes pour faire des choix soulève également des questions éthiques. C’est d’ailleurs tout l’enjeu des véhicules autonomes actuellement . En art, la question est désormais posée : qui crée ? L’IA n’est-elle qu’un outil ou l’autorise-t-on à signer l’œuvre ?  Une mise à mal de la notion d’auteur se profile-t-elle dans le sillage de ces nouveaux paramètres ? Cependant, l’indétermination règne : à qui profite ce flou actuellement ? Sommes-nous, sans le savoir, au seuil d’un nouveau paradigme de création artistique – peut-être même d’une importance similaire à celle que mettait en perspective Walter Benjamin dans son célèbre essai L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique  ? Si la fin des années 1990 a vu s’élever des voix demandant si nous en étions à engendrer des « artistes sans art ? » , la fin des années 2010 pose très certainement la question d’un art sans artistes, nous forçant à repenser nos à priori.

Ce dossier de la revue ESPACE souhaite mettre en perspective les enjeux que soulève actuellement la présence de plus en plus prégnante de l’IA dans les sphères sociales, politiques, philosophiques, et bien sûr culturelles et artistiques. Si vous souhaitez nous proposer un article, nous vous invitons, dans un premier temps, à contacter la direction de la revue avant le 11 septembre 2019 à l’adresse alpare [@] espaceartactuel [.] com afin de présenter sommairement votre proposition, incluant les pratiques artistiques que vous souhaitez mettre de l’avant. Nous vous informerons rapidement si votre proposition est retenue en présélection. Votre texte version complète ne devrait pas dépasser les 2000 mots (notes incluses) et il sera soumis au comité de rédaction. S’il est accepté, un cachet de 65 $ par feuillet (250 mots) vous sera remis dès sa publication. La date de tombée pour le texte, version finale, est le 11 octobre 2019. Parution : janvier 2020
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Feature: “AI – Art Without Artists?”

When it comes to business or scientific research, whether in the medical, military or transport fields, artificial intelligence (AI) is often at the forefront of the media and at the heart of various controversies. Indeed, as a set of theories and techniques associated with the development of algorithms, AI now occupies most spheres of human activity and generates various debates: since the beginning of the industrial era, each new technological contribution induces ambivalent situations and research in the field of AI is no exception. While industry is enthusiastic about AI’s potential for profitability and efficiency, other experts, often affiliated with ethics, are concerned about its impact, particularly on the labour market and on the confidentiality of personal data. Knowing that power is vested in owning the data, the question is who really will benefit from this new technological revolution.

However, as we know, AI is not only of interest to the world of science and business; the art world has always been eager for new technological advances. In addition to the financial power that underlies the effervescence around AI today, a strong fascination operates in parallel. The fantasy of personifying the inert⎯machine or material⎯is far from new. For a long time, literature has been inviting us to put a “face” on it. Whether we think of Isaac Asimov’s trilogy The Robot Cycle (1950) or J. G. Ballard’s universe of autonomous machines in Vermillon Sands (1971), the possible forms of AI leave place for the unthought. As for cinema, it has effectively and profitably taken over the field. We spontaneously think of films such as Ex Machina (2015), Terminator (1984) or Westworld (1973)⎯that inspired the famous 2016 series⎯where humanoid beings generate a mixture of emotions ranging from fear to empathy. We also think of more diffuse characters, such as HAL 9000 in 2001: A Space Odyssey (1968) or Samantha in the film Her (2013): “intelligences” without bodies. From this point of view, the release of Google’s DeepDream in 2015 ⎯a computer vision program using a neural network and giving a hallucinatory aspect to the images thus created⎯marked a significant step in our fantasized perception of artificial intelligence. We would like to believe that this intelligence can dream, that it will be creative and unpredictable in its own way. We would like it to have initiative and intentions, but we are not quite there yet. Requiring it to be intelligent would still be the very first step in this retro-planning of the future: because autonomy does not equal intelligence.

Wouldn’t we rather talk about learning algorithms and generative systems? Or statistics, even home automation? And what is an algorithm if not a calculation method, a microprogram, a sequence of operations designed to solve X problem. What seems to us to be of the unexpected⎯and, by extension, of an external will⎯ultimately is only the result of an equation processing information. What we call “artificial intelligence” today has little to do with intelligence: although algorithms immersed at the heart of big data can give the impression of making decisions, in the end they are only analytical results.

Relying on algorithms to make choices also raises ethical issues. This is the challenge of self-driving cars today.  In art, the question is now: who creates? Is AI only a tool or is it allowed to sign the work? Is there a risk of undermining the notion of author in the wake of these new parameters? However, indeterminacy reigns: who is benefiting from this haze at the moment? Are we, without knowing it, at the threshold of a new paradigm of artistic creation⎯perhaps even of an importance similar to the one that Walter Benjamin put into perspective in his famous essay The Work of Art in the Age of Mechanical Reproduction?  If in the late 1990s some voices asked if we were creating “artists without art?”,  the end of the 2010s certainly is raising the question of an art without artists⎯forcing us to rethink our a prioris.

This issue of ESPACE magazine aims to put into perspective the concerns that the increasing presence of AI is raising in the social, political, philosophical and, of course, cultural and artistic spheres today. If you wish to submit an article, we invite you, as a first step, to email the editor of the magazine André-Louis Paré before September 11, 2019 at alpare[@]espaceartactuel[.]com to present a summary of your proposal, including the art practices you wish to cover. We will inform you promptly if your proposal is pre-selected. Your completed text should not exceed 2000 words, footnotes included, and will be submitted to the editorial board. If accepted, an honorarium of $65 per page (250 words) will be paid upon publication. The deadline for the final version of the text is October 11, 2019. Published January 2020

Reference / Quellennachweis:
CFP: ESPACE art actuel, no. 124, Issue: IA/AI – Art sans artistes?. In: ArtHist.net, Sep 2, 2019. <https://arthist.net/archive/21391>.

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